Avant mes congés, j’ai commencé un nouveau projet pour Arcelot, le 6 et 7 octobre, une tenue homme 1785.
Non, je n’aurais pas d’accompagnement masculin à cette sortie, pour mon plus grand malheur!
Mais j’ai eu l’idée folle de ce travestissement après avoir enfin trouvé les bottes cavalières en cuir que je cherchais depuis plusieurs mois (à un prix très bas pour du matériel d’équitation 100% cuir).
Ayant déjà prévu un costume de cavalière milieu XVIIIe, je ne voulais pas en faire un autre et le peu d’hommes présent lors d’évènements historiques costumés m’a tout de suite donné envie de m’attaquer à un tel projet.
Car en grande majorité les costumes d’hommes sont issues de techniques dites de « tailleurs » et souvent bien plus compliqués que les tenues féminines, et le gainant/ajusté de la fin du XVIIIe est particulièrement dur à réaliser sans moulages, dont il s’agit bien d’un défi puisque bien qu’ayant déjà réalisé un gilet fin XVIIIe, la tenue complète est d’une toute autre difficulté…
Un peu d’histoire de la mode…
Au 18e siècle, il est tout à fait légitime qu’un homme s’intéresse à la mode, en accord avec les notions de masculinité alors couramment admises. Les hommes de bien et d’influence accordent beaucoup d’attention à leurs tenues, tout autant que les femmes.
Portrait de Maximilien Robespierre, Louis Léopold BOILLY, 1791, Palais des Beaux art de Lille
Portrait de Joachim Le Breton, Adelaide Labille-Guiard, 1795 – Nelson-Atkins Museum of Art
Portrait de Sebastián Martínez y Pérez, GOYA, 1792, MET
Portrait de François André Vincent, Adélaïde LABILLE-GUIARD, 1795, Louvre
Miniature, Portrait d’un jeune homme, Joseph DERANTON, Inconnu
Miniature, portrait d’un jeune homme, Adélaïde LABILLE-GUIARD, inconnu
La mode vestimentaire de la noblesse à la cour de France domine l’Europe et, à un degré moindre, l’Angleterre.
L’habit masculin a une forme stable, il s’est formé au XVIIe : au XVIIIe sa composition et ses formes sont posées, puis on ira vers une simplification des lignes.
A partir de la fin des années 1760, le costume masculin connaît une évolution radicale. Il semble que ce soit la réforme de l’uniforme militaire français, qui ait été à l’origine de cette nouvelle mode. Avec les règlements de 1767, l’armée royale adopte un nouvel uniforme inspiré des tenues étriquées et économes en tissu que les armées prussiennes et autrichiennes.
Ces nouveaux habits se projettent vers l’arrière et dégagent largement le ventre, laissant apparaître le gilet qui est coupé droit et raccourci, facilite la marche en réduisant considérablement les basques, le col monte, les manches sont ajustées et coudées et la culotte se colle à la cuisse.
Patron d’habit vers 1780
Cette nouvelle silhouette étriquée plaît, le goût « anglomane » ayant mis à la mode les tenues pratiques, sobres et confortables de la « gentry » campagnarde britannique et le vêtement civil adopte la nouvelle coupe militaire.
En dehors des éternels draps de laine, velours ras, pékin et taffetas de soie unis, les étoffes de la fin du XVIIIe siècle sont en général ornées de petits motifs géométriques. C’est l’âge des velours miniatures, décorés d’un semis de points ou autres petits ornements répétitifs, aux couleurs assez contrastées. A partir des années 1780, la mode des rayures va faire son apparition: fines, verticales, soulignées par des couleurs violemment opposées… (1)
Court Suit 1790-1800 France V&A
Formal Ensemble U.K 1790 V&A
Court suit France 1780-90 MET
Formal Ensemble France 1790 MET
Court suit France 1790 KCI
Men suit France 1785 KCI
Les broderies somptueuses qui enrichissent les habits contrastent souvent avec ces étoffes aux semis géométriques par leurs larges motifs végétaux et floraux traités avec naturalisme.
La mode est de porter un gilet d’une couleur et d’un décor différents que ceux de l’habit et de la culotte.
Différents gros-plan de broderies
Costumes du MET, V&A, KCI de 1780 à 1792
Une autre innovation consiste dans l’emploi de boutons de métal ciselé, émaillé ou peint.
Toutes ces tenues se portent avec des bas de soie et des soulier ou bien de longues bottes souples à revers comme on en porte avec le frac à l’anglaise.
Voilà, en espérant vous avoir apporté un peu plus de connaissance sur les tenues masculines de la toute fin du XVIIIe siècle.
Petite bibliographie non exhaustive:
Se vêtir au XVIIIe Siècle – Madeleine DELPIERRE – Adam Biro, 1996
Histoire du Costume en Occident – François BOUCHER- Flammarion, 1996, nouvelle édition, 2008
Le costume français – Collectif, Flammarion, collection Tout l’art, 1996, nouvelle édition 2007
Fastes de cour et cérémonies royales : Le costumes de cour en Europe (1650-1800) – Pierre ARIZZOLI-CLEMENTEL, Pascale GORGUET-BALLESTEROS, Collectif, RMN, 2009
Seventeenth and Eighteenth-century Fashion in Detail – Avril HART et Susan NORTH, V&A Publishing, 2008
1- Les photos de costumes d’époque sont en hyperlien avec les pages correspondantes des différents musées.
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