De tout temps, les chaussures ont été un moyen d’afficher son statut social et ont reflété l’évolution des mœurs et des modes. Je vous propose de retracer l’histoire des chaussures et leurs principales évolutions au fil des siècles, suivant les reconstitutions que je réalise…
Les chaussures au XIXe ont intéressé les foules, la preuve en est les nombreuses études des médecins, des articles des journaux de mode ou encore cet ouvrage d’Histoire de la Chaussure, depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours par Paul Lacroix et Alphonse Duchesne. 1862
« Quand aux chaussure des femmes, elles subirent de légers changements qui les ramenaient sans cesse à un point de départ peu éloigné; elles imitèrent celle des hommes, et elles furent tour à tour pointues, rondes et carrées à l’extrémité, couvertes ou découvertes sur le cou de pied, plates ou cambrées, garnies ou dépourvues de haut talons. Les brodequins lacées ont finis à l’instar des bottes, par faire réserver les souliers de peau ou d’étoffe pour la vie élégante des salons; de là le proverbe vulgaire, brodequins au matin, soulier vernis à minuit »
Et dans la période qui nous intéresse:
Les couleurs très vives laissèrent la place au milieu des années 1870, à des teintes plus naturelles et plus riches, comme le grenat, le bordeaux, le brun roux, le vert émeraude ou encore le marron jugées plus élégantes.

Chaussures de ville vers 1867, Cuir, coton et argent, Belgique

Chaussures de ville (Oxfords) vers 1880, Cuir, Amérique

Chaussures de ville vers 1887, Cuir, Amérique
On s’intéressa de nouveau à l’ornementation des chaussures d’intérieur et du soir quand à la fin des années 1870 les jupes, très ajustées sur le devant du corps, dégageaient souvent la cheville pour faciliter la marche, la mode découvrant alors le pied et la cheville. Les chaussures redevinrent alors visibles, s’il il était recommandé de porter des modèles sobres en ville, les ornements et la couleur triomphaient dans les salons et les salles de bal.

Chaussures de Bal vers 1870, Soie et cuir, Amérique

Chaussures de Bal vers 1875–85, Soie, France

Chaussures de Soirée vers 1880, Soie Brodée, France
Il n’y avait pas de préférence marquée à cette époque pour les bottines ou les chaussures, les deux étaient conçues pour toutes les circonstances. Cependant leur esthétisme les prédestinaient à une utilisation des couleurs sombres en journée et de quelques teintes chaudes ou pastel pour le soir.

Chaussures de Soirée vers 1885–95, Soie, France

Chaussures de Soirée vers 1885, Soie, France
La mode des Bals Masqués et les envies d’Exotisme permettait aussi un certaine fantaisie pour les chaussures, celles ci étant plus ornementées et colorées,

Chaussures à la turque, vers 1870, Soie, France

Chaussures de bal vers 1873, Soie brodée au fil métalique, France

Chaussures vers 1880, Soie, Russie
Les français créèrent le marché de la chaussure de prêt à porter lorsqu’ils exportèrent l’escarpin au début du siècle, mais ce ne furent pas les seuls. Ainsi à l’origine du déclin de la tradition européenne de la façon, on trouve, en particulier, les exportations américaines de chaussures ornées de décors de perles brodées à la machine.
Ces bouts ornés de perles furent très en vogue dans les années 1880, jusqu’aux années 1890, comme l’en témoigne The Yong Ladies’ Journal au Canada en janvier 1888: « Les chaussures sont brodées de perles sur le bout (…) et d’autres s’ornent d’un papillon en perles de jais. »

Chaussures de ville vers 1880–99, Cuir brodé de perles, Européen

Chaussures de Soirée vers 1885–95, Soie brodée de perles en métal, Amérique
Quelques lien utiles pour approfondir, à propos de la ville de Roman et son industrie de la chaussure, ou pour retrouver la plupart des pièces de collection du MET.
Et voici donc la paire de chaussure réalisée pour porter avec la Tournure de Bal Saumon et Grise, comme il s’agit d’une robe d’après le Journal des demoiselles de 1880, j’ai choisi de faire une ornementation à base de perles.
Le tissu utilisé est la soie à petit motif de la jupe, cependant comme elle est réduite à une seule épaisseur (et non triple comme les plis) elle parait beaucoup plus pâle, rappelant ainsi la couleur de la mousseline de soie.
De nos jours, la chaussure symbolise encore un mode de vie, un rang social, une identité vestimentaire… Elle représente un univers de création extraordinaire et incarne l’idéal à titre de véhicule d’expression propre à l’individualité de chacun. Elle permet d’identifier les intérêts d’une personne ou le type de métier qu’elle exerce , bref « dis-moi ce que tu chausses et je te dirai qui tu es ! »
Bibliographie sommaire:
- LACROIX Paul et DUCHESNE Alphonse , Histoire de la Chaussure, depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours, 1862 (disponible en lecture en ligne)
- MILLER Judith, Shoes,Octopus Publishing Group, 2009
- WALFORD Jonathan, Séduction De La Chaussure ; Quatre Siècles De Mode, Bibliothèque Des Arts, 2007
Superbes, ça fait un ensemble magnifique avec la robe !
[…] Quand à la veste, elle a été réalisée d’après le patron TV 422 (légèrement modifié). La veste de jour se ferme par crochet et cette fermeture est rendue invisible par le cache décoratif qui simule une fermeture par boutonnage. Et les chaussures! […]